Don't mess with me [libre]

Si il y a une chose que l’Artiste ne supporte pas, c’est d’être convoquée sans courtoisie. Et si il y a une chose qu’elle exècre encore d’avantage, c’est de l’être sans explication. C’est donc la mine boudeuse que Maluenda esquisse ses premiers pas sur le sol écossais. Un simple sac à la main, elle descend du Jet privé affrétée pour elle, constatant qu’une berline aux vitres teintées l’attend à quelques mètres. Le vol depuis New York s’est effectué sans encombres mais bien qu’elle eusse droit à quelques « rafraîchissements », elle est loin d’être rassasiée. Cependant cela devra attendre quelques heures.

La porte avant de la Berline s’ouvre laissant passage à un vampire aux teintes ébène, levant sans ambiguïté les doutes qui pouvaient subsister. Ce sont bien les Assamites qui sont à l’origine de sa présence en Europe. Félin, il s’incline devant elle, le visage impassible.

-Nous sommes ravis de vous revoir parmi nous, Madame. Avez-vous fait bon voyage?

Se retenant pour ne pas lever les yeux au ciel, la caïnite rumine contre ces politesses et ces ronds de jambes qui non seulement ne ressemblent guères aux souvenirs qu’elle conserve du Nid d’aigle mais qui contribue à peser sur son humeur. Il ne sera pas dit néanmoins qu’elle ne saurait faire preuve du même charme.

-A merveille, je vous remercie. -comme à son habitude, elle décide d’entrer sur le champ dans le vif du sujet- Auriez vous l’amabilité de me dire quelles sont les raisons qui requiert ma présence immédiate?

-Je suis désolé, mais il ne m’appartient pas de vous en informer. A vrai dire, je n’ai été tenu au courant cela.

Retenant mal une grimace, elle doit cependant convenir que c’est tout à fait dans les manières des Assamites de ne fournir qu’un minimum d’informations à un minimum de personnes. S’installant à l’arrière de la voiture comme le Fils de la Nuit l’enjoint, Maluenda laisse sa nuque glisser vers l’arrière, observant vaguement la route qui défile lorsqu’ils quittent le petit aérodrome privé sur lequel elle a fait son atterrissage.

-Madame? Que désirez vous faire? Je peux vous conduire à la résidence qui a été louée pour vos besoins. Le plus gros de vos bagages y est déjà installé ou bien préférez vous vous rendre à Edinburgh maintenant?

Une mortelle aurait souffert de la fatigue suite aux longues heures passées immobile dans l’avion mais ce n’est pas le cas de l’Artiste. Réfléchissant quelques secondes au choix qui lui est offert sa décision ne tarde pas à être prise. Le repos attendra, sans compter que sa faim s’est loin d’être tue. Et puis… elle n’a jamais eu l’occasion de savourer de sang écossais. Il serait dommage de s’en priver lorsque l’opportunité se présente. Un sourire carnassier dévoile la joliesse de ses crocs de nacre.

-Déposez moi devant le pub le plus fréquenté de la ville. Ne m’attendez pas, je suis certaine que je parviendrais à retrouver mon chemin ensuite. J’ai les coordonnées que vous m’aviez précédemment envoyées par e-mail.

Relevant rapidement sa chevelure corbeau en un chignon gracile, la Fille de Caïn prend congé de son chauffeur, sans plus perdre de temps. Ses prunelles vipérines observent la rue à l’animations certaines. Les passants se croisent et s’évitent dans un brouhaha paisible et sans animosité. Pourtant il serait difficile à l’observatrice née de ne pas lire sur certains visages des signes de tensions, de méfiances qu’elle ne s’attendait pas à trouver dans cette ville.

Remisant cette interrogation à un moment ultérieur, l’Artiste pénètre au cœur du pub, louvoyant habilement entres les tables enfumées et les buveurs debout. De ce qu’elle saisit des conversations, l’ambiance lui parait détendue et agréables. Certains clients la suivent du regard avant de revenir à leurs discussions sans qu’elle ne paraisse y prêter attention. Il est vrai que cette jeune femme à la peau opalescente, dont les mèches sombres encadrent un visage aux traits mutins, vêtue d’un élégant tailleur pantalon aux nuances anthracite se dénote parmi l’assemblée bien plus décontractée.

Avisant une table un peu à l’écart, protégée par un pilier qui lui permet d’atténuer quelque peu le bruit ambiant, c’est sans hésitation que Maluenda s’y dirige. Une fois installée, il est grand temps de passer le coup de téléphone qui n’a que trop attendu. Qu’importe que l’heure soit bien trop matinale à New York et qu’elle réveille son courtier. Les quelques sonneries qui s’écoulent avant qu’il ne daigne décrocher suffisent à aiguiser les nerfs d’une vampire qui n’avaient guère besoin de cela. Pas plus que les premières paroles qui lui sont décernées.

Non mais vous êtes dingues ou quoi d’appeler à une heure pareille! Vous savez qu’il est 5h du matin?

J’espère que ce n’est pas à moi que vous parlez de cette manière mon cher! Ou bien dois je vous rappeler la politesse la plus primaire!

Madame! Non.. Pardonnez moi… je suis vraiment… je ne voulais pas-Est-ce son imagination ou bien la voix de son interlocuteur s’est faites à la limite de la panique? Bien. C’est parfait.- Je vous écoute.

Ne me dites pas que vous n’avez pas la moindre idée de la raison pour laquelle je vous appelle?

Si… si bien sur… Mais c’est que tout ne s’est pas déroulé comme prévue. La vente… la vente a mal tournée… il y a eu un problème.

Il n’y a jamais de problème. Il n’y a que des solutions! -d’agacé, le ton de voix de la Madone en devient glacial. Tout son corps s’est raidi, diffusant autour d’elle une subtile aura menaçante].- Vous avez quelques secondes pour vous expliquer.

Le tableau… a été emporté par un consortium oriental. Ils ont… je n’ai vraiment rien pu faire. C’est comme si le commissaire priseur ne me voyait pas. N’entendais pas mes offres. Vraiment je ne comprend pas. Pardonnez moi je vous en supplie. Je trouverais un moyen de me racheter… ma femme…

Vous saviez pourtant quelle importance avait pour moi cette toile. Imbécile.

C’est sur ces mots qu’elle raccroche rageusement, laissant l’homme à l’autre bout de l’hémisphère tremblant comme une feuille, tout velléité de sommeil évanouie à la pensée de ce que la caïnite pourra bien lui faire subir comme pénitence à un manquement des plus graves.

Repérer d'éventuel rebelle, sa mission était claire, et quelle était le lieu où les langues se déliaient? Les pubs. L'alcool coulait à flot et une bonne ambiance régnait. Les habitués formaient une petite famille où la convivialité était le maitre mot. Chacun accordait sa confiance à l'autre, chose rare en ce temps, l'état d'ébriété y étant sans doute pour quelque chose.

La tournée des pubs était donc obligatoire pour la caïnite. Jean, veste en cuir, Cally passait inaperçu, et incarnait la cliente parfaite. Elle se mêlait à la clientèle avec une facilité déconcertante, acceptant toutes les invitations à boire un verre. Son charme l'aidant grandement à attirer l'attention de la population masculine. Malgré les préjugés, Cally en apprenait largement plus de la bouche des hommes que de la bouche des femmes, préférant garder leurs commérages à un cercle fermé.

L'alcool n'atteignant jamais son cerveau, la française pouvait continuer sa tournée jusqu'à la fermeture des pubs. Elle quitta alors l'établissement prétextant un rendez vous avec ses amies, promettant de revenir un autre soir avec celles-ci. Argument de poids qui pu la libérer de leur compagnie avec de grand sourire grivois.

De siècle en siècle les hommes gardait les mêmes faiblesses, permettant ainsi à la caïnite de les manipuler avec une facilité déconcertante. En un regard elle pouvait déstabiliser un homme. Cela avait certes demandait beaucoup de travail, mais sa beauté apparente l'aidait grandement. C'était son outil de chasse et en était assez fière.

Bannermans fut donc sa destination suivante. Il était temps d'interroger la jeunesse. Finis les vieux débris alcooliques, et bonsoir la jeunesse décadente noyée dans l'alcool. Ébouriffant ses cheveux, Cally s'engouffra dans l'entrée, une mine réjouie éclairant son visage. Quelques regards se tournèrent vers elle, cependant un bref instant. Plus individuels, les jeunes étudiants restaient entre amis, il était donc plus difficile d'infiltrer la masse. Elle visa alors une cible facile, moins entourée, et plus ouverte à rencontrer une inconnue.

Son regard balaya alors la pièce. Ce soir aucun jeune n'avait l'air de noyer son chagrin dans l'alcool en solitaire, non ils étaient plus d'humeur joyeuse et fêtarde. Fin d'examen ou simple humeur de vacances? Le seul moyen de le savoir était d'aborder un étudiant. Mais lequel? C'est alors que son regard se posa sur une femme, trop classe pour faire partie de la clientèle habituelle. Ses pas se dirigèrent alors automatiquement vers elle. Cette étrangère ne pourrait sans doute pas l'aidait dans son travail, mais Cally pouvait s'offrir une petite pause, d'autant plus que cette femme se révéla être une "sœur".

Depuis son arrivait Cally avait pu constater que la population vampirique était assez importante. Il ne se passait pas une soirée sans qu'elle rencontre au moins un de ses confrères. Certes un nouveau royaume avait l'air de s'installait en Écosse, mais cela commençait à l'intriguer fortement. Elle arriva donc rapidement de la table de cette inconnue.

" Bonsoir. Puis-je me joindre à vous? "

Ses manières étaient douce et aimable, la caïnite semblait agacée, Cally se devait donc de l'abordait avec douceur et politesse, tout en laissant sentir sa réelle nature à l'inconnu. Cela pouvait être inconscient, surtout depuis une fameuse nuit des plus mouvementée, mais la française devait vraiment éclaircir ce mystère.