La politesse se perd. (PV famille Lodway)

Le vent nocturne faisait virevolté les quelques feuilles mortes dans un ballet étrange avant de mourir dans l'indifférence la plus totale sur un pavé de trottoir.Étrange chose que la vie fragile et pourtant immuable.Des centaines de milliers de cycles qui sans cessent mourraient pour renaitre encore et encore,de quoi rendre fou le plus calme des philosophes.Mais ce n'est pas les pas d'un philosophe qui approche de la demeure des Lodway,non pas qu'il soit étranger a certain principes,juste que tout cela n'a qu'une importance minime,le poids de l'immortalité surement.Eole s'amusait a faire bruisser les branches des arbres jonchant l'allée du manoir,amusant ce petit son,comme un gémissement lent,un long avertissement qui n'allait pas faire reculer le Judéen,bien trop habitué a ce genre d'ambiance.C'est d'un pas rapide que l'Aigle montait les escaliers menant au porche d'entrée,laissant au volet emporté par le vent d'automne venir masquer le bruit de ses pas par d'éternels claquement sonore contre leurs tenants. L'Étranger levait alors les yeux sur cette bâtisses sombre qui lui arrachait un nouveau sourire,autant écrire sur la boite aux lettres "Attention Vampires vivant ici",cela en était si flagrant aux yeux d'Altair,qu'il ne comprenait définitivement pas comment les humains pouvait en faire fi,peut être la nécessite de nier ce qu'ils ne peuvent comprendre.Fermant le poing pour venir frapper a la lourde porte d'entrée,le Judéen eut un temps d'arrêt,un temps de réflexion avant qu'il ne tourne le visage a gauche puis à droite.Non annoncer sa présence ainsi n'est pas de bon ton, nul ne sait comment il va être reçu.Surement ne le connait-on pas et ça serait tant mieux,sinon ? Et bien sinon il faut s'attendre a ce que les conversations tournent vite aux explications bien moins chaleureuses.

La main droite venant fouillé a l'intérieur de la poche intérieur de sa veste de costume impeccable,tandis que la main gauche essayant de tourner lentement la poignée de la porte,fermée en toute logique,un logis de Vampire n'est pas un moulin.Sortant de sa veste un petit étui le Judéen se mit a choisir avec minutie quel crochet ,il va utiliser."Pour ouvrir une serrure il n'y a pas cent façon mais il peut y avoir cent clés" ,Djuhah Maitre Assassin se rappeler de sa voix semblait étonné Altair qui ne pu réprimer un petit rire amusé dévaler de sa gorge avant de laisser ses doigts séculaires œuvré avec une délicatesse et un touché qu'on n'aura surement pas imaginer de la part d'un être aussi peu enclin a utilisé la tendresse.Et pourtant ses doigts flirtaient avec les crochets plus qu'ils ne les touchaient,avant qu'un cliquetis significatif ne redresse l'Étranger,enfin la serrure était ouverte et c'est a pas de félin qu'Altair se glisse a l'intérieur du manoir refermant la porte derrière lui dans un silence de Cathédrale.Tout d'abord resté immobile,détecté le moindre bruit,le moindre mouvement ,la plus petite parcelle de vie ou de non vie.Non rien d'inquiétant pour l'instant,c'est toujours a pas feutré que le Judéen avançait dans les longs couloirs d'un autre âge,se plaisant a regarder des tableaux quasi aussi vieux que lui.Comment pouvait il être aussi nonchalant,n'est ce pas dans le Manoir Lodway qu'il vient de s'introduire ? Même le plus pouilleux des voleurs le sait,on entre pas dans le manoir Lodway ainsi.Mais la nonchalance de l'Aigle n'est qu'une façade un moyen des plus efficaces pour masquer cette tension musculaire qui le tenait toujours prêt au moindre problème.

Finalement c'est dans le grand salon que l'Étranger pénètre,retirant ses gants noir qu'il gardait nonchalamment accouplé dans la main droite,un tour sur lui même toujours personne,il fallait donc qu'il fasse du bruit,beaucoup de bruit.Prenant son inspiration pour hurler au travers du Manoir,l'Aigle s'arrêta au vue du piano qui trônait dans un coin de la pièce.Laissant la pulpe de ses doigts glisser sur les touches noir et blanc du clavier,l'Étranger s'assoit calmement sur la tabouret devant le piano long,avant de laisser ses mains et ses doigts tomber en une symphonie de requiem,sombre ,macabre,et pourtant quelque chose clochait,une notion du rythme inadéquate,pas hypnotique non,mais cela rendait a la musique qui se créait des cordes et marteaux une sorte d'irréalisme que seul un Vampire pouvait dénoter,une ouïe humaine aurait simplement considérer ça comme un défaut de rythme.Mais c'était bien plus subtil que ça,un lent appel du Judéen qui s'était fait si discret depuis qu'il était entrer dans le parc du Manoir,le voila maintenant a faire résonner sa musique au travers des couloirs,se répercutant en un écho lointain sur les murs et fenêtre de la bâtisse.Après tout il n'était pas vraiment question de savoir vivre,de simplement faire savoir qu'il était la, et qu'il attendait.Et la musique accélérait montant dans le crescendo du requiem,a ce demander si le piano allait supporter tant de rage et de colère que l'Aigle se plaisait a transmettre a l'instrument avec un certain talent, a croire que certaines années furent longue,très longue.C'est lorsqu'il sentit la présence d'une des deux sœurs que les doigts de l'Aigle cessèrent leur symphonie,tandis qu'il refermait le capot du clavier lentement,avant de se lever tout en lissant sa veste,comme un tic,avant de se tourner vers elle.

Beaucoup de vampires semblaient côtoyer la ville d'Edimburgh ces derniers temps. A quoi pouvait-on le remarquer ? Aux nombres de disparitions mystérieuses qui égayaient les journalistes et perturbaient les gendarmes. Il n'y avait pas plus fort qu'un vampire pour décimer ces pauvres créatures fragiles qu'étaient les humains et seul un vampire était capable du crime parfait. Ne pas laisser de trace, attraper rapidement sa proie, lui faire son affaire et disparaître comme si jamais personne n'était venu. Une facilité pour leur espèce qu'Abigaël n'appréciait pas pour autant. Plus de morts entrainaient plus de soupçons, et plus de soupçons entrainaient plus d'inquiétude chez la jeune vampire.
Tout en cogitant sur ces meurtres, Abigaël lisait un livre dans sa chambre. Depuis longtemps jauni par l'âge, les bouts étaient cornés, fatigués, comme lassés d'avoir été tournés. L'odeur du vieux papier emplissait la pièce avec celle plus subtile de la poussière qui vous chatouillait les narines. Les mots défilaient sous le regard de la jeune femme dans une danse infinie, certains retenaient l'attention en faisant de jolies pirouettes et d'autres passaient aussi inaperçu qu'un pas sur le côté. Quand on avait l'éternité à vivre, on avait amplement le temps d'enrichir son esprit. Sans doute aurait elle continué et même terminé ce vieux livre sur la mythologie en Europe si quelque chose ne la sortit pas soudain de sa torpeur. Une odeur étrangère au Manoir. D'abord sur ses gardes, elle flaira attentivement l'air allant jusqu'à retrouver celle musquée d'Evan occupé dans le garage ou celle plus fruitée d'Elisabeth dans son bureau. Tout le monde était dans le Manoir mais personne dans le salon. Ses doutes furent confirmés lorsqu'elle entendit un son familier. Son piano. Une musique macabre qu'elle ne reconnut pas résonnait entre les murs, aucun doute, il y avait bien quelqu'un dans le manoir. Sans hésiter, la jeune femme sortit de la chambre. Son coeur aurait peut-être battu la chamade s'il n'avait pas été mort depuis bientôt 60 ans, aussi préférait-elle rester ereine et s'imaginait plutôt à trouver un gentil vampire voulant faire ami ami. « Bien sûr ! » Ça aurait pu arriver si le monde n'était pas tel qu'il est....
Le visage impassible, elle préparait son esprit et son corps à la bataille si cela devait arriver. Elle dévala promptement les quelques marches qui la séparaient du salon avant de s'arrêter sur le seuil, dévisageant l'homme de dos. Il ne semblait pas vouloir déclencher les hostilités ou bien il cachait bien son jeu et comptait se jeter sur elle d'un instant à l'autre. L'homme ou plutôt le vampire avait une carrure imposante. Sa peau olivâtre miroitait légèrement sous le faible éclairage qui filtrait à travers la fenêtre. Sachant qu'elle était repérée, elle avança d'un pas seulement et attendit que l'homme daigne bien se présenter.

« Voilà une manière bien étrange de se présenter. Aux dernières nouvelles nous avons encore une porte sur laquelle on peut frapper à moins que mes sens me jouent des tours et que la porte ait disparu, prononça-t-elle sur le ton plaisanterie bien qu'un peu sarcastique malgré elle. »

L'insolence. Elle sentait qu'il n'était pas bon de plaisanter avec cet homme. Quelque chose dans son regard d'un rouge soutenu ou sa manière de se tenir tenait à respect n'importe qui. Mais Abigaël ne se laisserait pas impressionner par le premier inconnu venu frapper à sa porte, ou plutôt le premier venu sans invitation. Elle ne put en revanche réprimer un sourire. La famille Lodway imposait certes le respect mais auprès des vampires ils se contentaient de les éloigner, ou du moins de les faire chasser plus loin. Certaines personnes du coin avaient des soupçons sur les Lodway et une multitude de meurtres et de disparitions étranges ne les aidaient pas vraiment. Abigaël se rappelait encore de cette vieille femme, une sorcière comme l'appelleraient les païens. Par une froide nuit d'hiver alors que le givre et le froid mordant jusqu'aux os en auraient arrêté plus d'un, elle était venue jusqu'au manoir, un exploit soit dit en passant car même le plus vaillant des hommes n'osaient s'aventurer vers ici... Elle transportait sur son dos une forme indistincte qu'Abigaël ne parvenait pas à distinguer jusqu'à ce que la vieille folle jette la carcasse d'un pauvre agneau sous le porche en proférant on ne sait quelles malédictions. Si cela restait matière à rire pour la famille, la jeune vampire s'en inquiétait parfois. Et si quelqu'un découvrait leur secret un jour ? « Il passerait à la casserole, pensa-t-elle avec ironie. »

« Enchantée, vous semblez déjà connaître la famille mais je me présente quand même : Abigaël Lodway, fille de gens bien peu intéressant, n'ayant aucun titre hormis peut-être celui de chef de brigade. Vous êtes l'un des rares vampires à passer au Manoir et je suis plutôt curieuse de savoir en quoi nous vous intéressons.

Ses lèvres s'étirèrent à nouveau dans un sourire. Des bruits de pas à l'étage signifiaient qu'Elisabeth allait sûrement arriver. Tant mieux, car Abigaël malgré son apparence calme et courtoise, se sentait plutôt mal à l'aise en la présence de l'étranger.

La Bête frappait aux barreaux de sa cage déjà excédée par les deux Vampires, c’étaient donc ça la grande et puissante famille Lodway ? Deux gamines incapables de faire de leur nature une Foi, de faire de leur mort une Vie, de faire de leur sang une Arme. Plus le Judéen jaugeait les deux femmes plus son calme apparent s’effritait peu a peu ,avant qu’un frisson ne gagne le dos du Judéen, remontant en une vague nerveuse jusqu'à sa nuque, contractant chacun des muscles formé dans le feu et flammes des guerres avant que le visage vers le plafond, l’Aigle ouvrait la gueule laissant un long grognement s’échapper. Ses crocs au reflet de simple canine semblait pourtant prêt à s’extraire de sa mâchoire pour dévorer tout ces déviants. Mais non, il fallait rappeler la sereinité alors que le Judéen marchait au travers du salon en silence, les mains serrées dans le dos avant de se poster devant une fenêtre regardant le flot incessant de feuilles morte formant tornades et tourbillons de feuilles aux éclats châtains. Qu’est ce que tu allais faire Altair hum ? Les dévorer ? Tu n’étais pas la pour ça. Le calme revenait peu à peu dans le corps du Judéen, comme un lent souffle qui semblait dompter le corps de l’Aigle pour le renvoyer dans un calme serein. Un dernier petit coup d’œil sur la cour du Manoir, avant que l’Etranger ne se tourne à nouveau vers les deux comparses. Restez la longtemps…Même lui ne le savait pas vraiment, c’est toujours ainsi quand la Voix au trois visage parle, la Lame obéit c’est ainsi depuis des millénaires et ça sera encore ainsi quand Altair sera mort. C’est d’abord vers la plus jeune des dos que les opales de l’Aigle se tournent, n’est ce pas elle qui a choisit d’essayer de faire de l’humour ?

La phrase reste étonnement en suspend alors que l’Etranger faisait un pas en arrière, comme ces artistes devant une œuvre cherchant a s’abreuver de chaque détail, Abigaël légèrement en retrait d’Elisabeth ,et ce maudit sourire qui apparait enfin aux lèvres du Judéen, se parfait mélange d’assurance et d’une honteuse moquerie.

Et le visage de l’Aigle qui revenait se posé sur Elisabeth gardant pourtant Abigaël du coin de l’œil, qu’elle réponde si elle le souhaite, qu’elle agisse même, la Bête du Judéen n’attendait que ça, terré dans une multitude de vision d’un massacre parfait, tapis dans l’ombre des siècles de souvenir de cris et de supplices.

Mais pour qui se prenait-il lui, à venir sans être inviter a réclamé ? Et en plus il voulait quoi, investir le manoir par la force ? De la bouche de n’importe qui cela aurait fait sourire ou rire, mais les lèvres de l’Assassin laissaient ces mots sortir avec une telle nonchalance qu’on ne savait vraiment s’il plaisantait ou s’il était sérieux. Arquant un sourcil devant le silence qu’il avait provoqué, le Judéen allait simplement s’installé sur un fauteuil, la cheville gauche sur le genou droit attendant simplement la réponse de la Famille.